Le clan Hornec devant la justice

Cette famille considérée par les enquêteurs comme ayant la haute main sur le milieu parisien comparaît pour une série de vols. Parmi leurs victimes, Dany Boon.
Comme nombre des victimes du "clan Hornec", l'humoriste avait été arrêté sur l'autoroute par de faux policiers qui avaient volé sa voiture.

Depuis ce mercredi, et pour trois jours, la famille Hornec doit rendre des comptes devant le tribunal correctionnel d'Amiens. Considérés comme les "parrains" du milieu parisien, avec des activités allant du trafic de drogue à la mainmise sur des bars à hôtesses en passant par les braquages de fourgons blindés, ils ont presque toujours évité les condamnations. Ils sont jugés pour association de malfaiteurs après une série de vols aggravés commis entre 2000 et 2002, notamment en Picardie et Normandie.

C'est par ce biais, et après un travail de fourmi, que les enquêteurs ont réussi à les traîner jusqu'au tribunal, faute d'avoir pu les prendre la main dans le sac pour des faits plus graves. Parmi les victimes de ce clan de gens du voyage sédentarisés, jugés par les enquêteurs "dangereux", "prêts à tout" et "fonctionnant comme une mafia", figure notamment le comédien Dany Boon.

C'est l'arrestation de Marc Hornec, en février, après trois ans de cavale et grâce à une intervention du GIGN, qui a marqué la chute de la famille. A ses côtés comparaît l'autre figure du clan, Jean-Claude, détenu depuis novembre 2006 pour un trafic présumé de cocaïne - une affaire qui est aujourd'hui toujours à l'instruction. Tous deux comparaissent détenus. Parmi les sept autres prévenus qui comparaissent libres, figurent trois cousins des frères Hornec, dont Jimmy Hornec, absent à l'ouverture du procès mercredi. Selon son avocat, il n'aurait pas été correctement cité à comparaître.

Parmi leurs multiples activités présumées, les Hornec se voient reprocher aujourd'hui une double série de vols en se faisant passer pour des policiers. La plupart d'entre eux avaient été arrêtés en octobre 2002 dans des départements de l'est parisien et dans la Somme, dans le cadre d'une enquête d'un juge de Péronne portant sur des vols par ruse au préjudice d'une centaine de victimes, essentiellement des personnes âgées aisées. Les malfaiteurs se présentaient chez eux en se faisant passer pour des agents EDF ou des Eaux, puis dérobaient un objet sans valeur et prenaient la fuite. Des faux policiers arrivaient alors pour enquêter sur le vol, demandaient à la victime de lui confier ses objets de valeur qu'ils emportaient pour "expertises", mais sans retour.

Egalement visé par le clan, l'humoriste Dany Boon avait pour sa part été arrêté le 20 mars 2002 par de faux policiers sur l'autoroute A1 près de Senlis, qui l'avaient frappé avant de s'enfuir au volant de sa Mercedes. Lors de l'enquête, il avait identifié Jimmy Hornec comme l'un de ses agresseurs.

Marc Hornec se prend pour Spaggiari

A l'ouverture de son procès, il a nié avoir abusé des personnes âgées pour les dévaliser, estimant que le vol, ce n'est pas son domaine.
Lui, son frère Jean-Claude et huit de leurs proches comparaissent devant le tribunal correctionnel d'Amiens pour "association de malfaiteurs".

Marc Hornec, présenté comme l'un des "parrains" du milieu parisien, s'est décrit mercredi à l'ouverture de son procès en correctionnelle comme "un homme extraordinaire" de la trempe du braqueur Albert Spaggiari. Accusé d'avoir abusé des personnes âgées pour les dévaliser, il a estimé mercredi que "le vol, ce n'est pas mon domaine. Ce n'est pas mon truc".

Au procureur Isabelle Pagenelle, qui l'enjoignait de définir son "domaine" d'activité, il a répondu d'une voix retentissante, debout dans son box : "je ferais un gros casse, comme Spaggiari", assurant être un "homme extraordinaire", très bien "vu à Paris". "Vous voyez Marc Hornec aller chez une vieille dame pour 200, 300 euros ?", a-t-il demandé. "Je fais pas ça. Je respecte les personnes âgées et vulnérables."

Marc Hornec, son frère Jean-Claude et huit de leurs proches comparaissent jusqu'à vendredi devant le tribunal correctionnel d'Amiens pour "association de malfaiteurs". Ils sont soupçonnés d'avoir participé, à des degrés divers, entre 2000 et 2002, à une série de vols avec arme, commis notamment en Picardie au domicile de personnes âgées, des cambriolages, des vols de voitures haut de gamme mais aussi la séquestration d'un couple fortuné dans l'Isère.

Marc Hornec, avec ses frères Mario et Jean-Claude, incarcérés depuis novembre 2006 dans une autre affaire de stupéfiants, ont souvent été taxés de "parrains" de la pègre parisienne. Policiers et gendarmes les soupçonnent d'avoir "bâti un empire" à partir "de blanchiment d'argent, trafics de machines à sous ou de drogue".

Procès Hornec : jusqu'à 7 ans de prison requis

De six mois avec sursis à sept ans d'emprisonnement ferme ont été requis vendredi au tribunal correctionnel d'Amiens contre neuf membres de la famille Hornec, dont les frères Marc et Jean-Claude, "parrains" présumés du milieu parisien, jugés pour une série de vols et association de malfaiteurs.

La peine la plus lourde -sept ans de prison- a été requise contre Marc Hornec, 41 ans, et son cousin Fabrice Hornec, 33 ans, pour leur rôle prépondérant dans l'association de malfaiteurs, des vols par ruse et du recel. Le procureur Isabelle Pagenelle a demandé 6 ans de prison pour un autre cousin, Jimmy Hornec, 31 ans, absent au procès, et 3 ans de prison à l'encontre de Jean-Claude, 54 ans, l'aîné des frères Hornec, pour les mêmes accusations.

Le procureur a requis des peines de 3 ans de prison contre David Hornec et de 18 mois contre Marc Chainay -absent à l'audience-, respectivement cousin et beau-frère de Marc Hornec. Elle a également réclamé 8 mois de prison contre Medhi Hornec -une autre cousin- et Florian Choby. Enfin 6 mois avec sursis et 50.000 euros d'amende ont été requis à l'encontrede de Lydia Chainay, concubine de Marc Hornec, qui servait de "prête-nom", selon l'accusation, pour écouler le produit des larcins.

A différents degrés, les prévenus auraient abusé -souvent en se faisant passer pour des policiers- une centaine de victimes, surtout des personnes âgées et fortunées, en Picardie, en Normandie et dans l'Isère, entre 2000 et 2002, aux fins de leur voler leurs économies, des bijoux ou des objets de valeur.