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 Militantisme - "Il est encore temps d'apprendre à désobéir"

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nath
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Militantisme - "Il est encore temps d'apprendre à désobéir" Empty
MessageSujet: Militantisme - "Il est encore temps d'apprendre à désobéir"   Militantisme - "Il est encore temps d'apprendre à désobéir" EmptyMer 30 Avr - 19:03

Lassés des manifestations inefficaces, des militants s'initient à l'action non violente pour mieux se faire entendre.

Mains sur les hanches, tablier noué autour de la taille, les deux grands-mères sur le bas côté ne savent trop quoi penser de ce soudain brouhaha qui vient troubler la quiétude de leur hameau, près d'Alès, aux pieds des Cévennes. Sous leurs yeux médusés, une dizaine de personnes accrochées les unes aux autres bloquent la petite route d'ordinaire si calme. "Non à la démolition, non aux expulsions", scande le barrage humain. "Vous avez intérêt à me laisser passer", éructe un ouvrier. "Voilà les CRS", hurle un autre homme. Que les mamies se rassurent. Point de manifestation dans leur patelin, seulement un exercice grandeur nature dans le cadre d'un stage de désobéissance civile.

Cette formation à l'action directe non violente est organisée par les Désobéissants, un collectif qui rassemble des militants de toutes les causes progressistes ou altermondialistes. Depuis fin 2006, pour 40 euros, il organise chaque mois un stage pour les perfectionner à la contestation. Les participants : une quarantaine de personnes, de 18 à 70 ans, habillées "à la cool", vêtements no logo, ils se disent militants ou simples citoyens.

Fatigués du "gueulophone"

Leur point commun : lutter pour que le monde soit plus juste socialement, plus vivable d'un point de vue environnemental. Ils sont ainsi révoltés par l'expulsion des enfants sans papiers, les OGM, le nucléaire, la mondialisation, les voitures qui polluent, la pub à outrance... Des marginaux ? Pas vraiment non. Ils sont enseignants, retraités, fonctionnaires, graphistes, chômeurs... Et, ils sont venus ici trouver les moyens de se faire entendre : lassés de distribuer des tracts "qui finissent directement à la poubelle", fatigués du "gueulophone", qui ne chamboule plus que leurs oreilles, frustrés de "voir que rien ne bouge". Il y a Virginie, une jolie brunette révoltée par tellement de choses mais qui ne sait plus comment agir ; Pierre, badge RESF épinglé à la veste en jean, persuadé "qu'à 70 ans, il est encore temps d'apprendre à désobéir" ou encore Bernard, mobilisé contre les OGM venu découvrir d'autres techniques que le fauchage de champs.

"Pendant deux jours, on va les convaincre de passer à des moyens d'actions, qui pour être strictement non violents, n'en sont pas moins plus radicaux, plus efficaces", explique Xavier Renou, l'un des organisateurs et ancien de Greenpeace. Parmi les modèles emblématiques de l'action pacifiste : Rosa Park, Martin Luther King, Gandhi... Forcément inspirée de l'esprit de Mai 68, la désobéissance civile est revenue sur le devant de la scène, en France, dans les années 1990 avec Bové et ses acolytes anti-OGM. Un des modèles du genre est celui du Direct action network à Seattle en 1999. Ce jour de décembre, des milliers d'activistes ont pu, grâce à une action concertée et bon enfant, empêcher la tenue de la séance d'ouverture de l'Organisation mondiale du commerce, sous le regard étonné du monde entier. Sans violence face aux escadrons déployés mais en s'enchaînant, en dansant, en faisant les clowns, etc. De quoi désarçonner les policiers au look futuriste, plus préparés à gérer le majeur dressé que le symbole du 'peace and love'.

"Les larmes du mec montrent qu'il est touché"

Première leçon : l'action non violente ne peut pas s'improviser. Tout au long du stage étalé sur deux jours, ateliers théoriques et exercices pratiques déclinent tous les aspects de l'action : sa conception, son application, ses couacs à envisager, ses possibles gardes à vue, ses éventuelles suites juridiques. Une action, même si les activistes l'estiment légitime, n'est pas forcément légale...

"Sentir" l'action proposée, c'est primordial pour tout militant. La juge-t-il violente ? Y participerait-il ? S'il y a consensus sur les violences physiques, le débat est autre quand on aborde la dimension psychologique. Un exercice permet à chacun de livrer son sentiment. Par exemple : "empêcher la construction d'un complexe hôtelier en allant saboter le tractopelle avec du sucre dans le réservoir", "faucher un champ d'OGM face à l'agriculteur qui vous supplie de ne pas le faire"... David estime ainsi que couper des pieds de maïs génétiquement modifiés face à un cultivateur en pleurs n'est pas violent "à partir du moment où ça n'atteint pas les gens physiquement" ; un autre juge également que c'est non violent "puisque de toute façon l'agriculteur sera indemnisé par les assurances". Cécile, elle trouve ça agressif : "Les larmes du mec montrent qu'il est touché et qu'il y a sans doute moyen de dialoguer avec lui".

"J'ai dû me retenir pour ne pas le défoncer"

La parole est encouragée. Expériences d'activistes, doutes de citoyens... Outre les ateliers, les pauses café ou les repas - bios et végétariens - sont aussi l'occasion pour chacun de raconter ses activités de militants, les confrontations tendues, ses idées d'action. Dans l'action non violente, le "on" est banni", le "je" est roi.

Les interventions sont rythmées par une gestuelle appropriée inspirée de la langue des sourds et muets. Et tout "désobéissant" qu'il soit, chacun doit lever le doigt pour prendre la parole. Finalité de cette écoute : arriver au consensus, crucial le jour J notamment afin de ne pas mettre en danger le reste du groupe et l'action menée en se rétractant au dernier moment. "On n'est pas des machines, il faut laisser passer ses émotions", répète Jean-Charles.

Elles peuvent être vives lors d'un face à face, avec les forces de l'ordre par exemple. Jouer une confrontation, rien de tel pour s'en rendre compte et apprendre ensuite à désamorcer la crise. A tour de rôle, les stagiaires endossent le rôle du CRS chargé d'embarquer ou de "gérer" des manifestants bourrés d'arguments. Ou comment apprendre à rester calme face à des situations tendues. Pas toujours évident. "J'étais dans la peau du CRS et j'ai pris conscience de ma propre violence. Je savais que j'étais légitime et j'ai dû me retenir pour ne pas défoncer le militant en face de moi!", raconte Sylvie, quinquagénaire au regard doux, sous les rires des autres stagiaires.

Du bon usage de l'antivol de moto

Autre atelier : mille et une astuces pour agacer le plus longtemps possible les forces de l'ordre lors des sit-ins. La méthode traditionnelle, c'est le blocage corporel. Il y a la technique du "poids mort", qui consiste à se laisser traîner pour mobiliser le plus de policiers possible ; celle de la "tortue", faite d'un enchevêtrement de bras, de jambes de militants, assis par terre. Et le 'must', la "couverture" de peinture fraîche. De quoi refroidir le policier qui sera chargé de laver son uniforme. Il y a aussi les accessoires : de l'antivol de moto aux menottes, idéal pour s'accrocher aux grilles d'une centrale nucléaire ou d'une préfecture. Les CRS n'ont pas toujours une cisaille, voire une meule de chirurgien dans leur arsenal. Aucun détail n'est oublié : il est ainsi recommandé de prévoir une position confortable et une couche pour les envies pressantes.

"Plus la police met du temps à vous déloger, plus les journalistes ont le temps de faire leur travail", répète à l'envi Xavier Renou tandis que les apprentis activistes testent tout l'attirail. C'est bon ça, ça fait de l'image !" L'image. Une action réussie doit être celle dont on parle dans les médias. D'ailleurs, il y a même un atelier pour apprendre à les gérer. L'auditoire est plutôt méfiant. "Ils ne sont pas forcément nos pires ennemis", les rassure le formateur. Et l'on apprend que "les journalistes sont des gens normaux et plutôt à gauche". "Beaucoup d'ailleurs sont archi précaires et cela les rapproche davantage de nous que les gros groupes industriels qui les dirigent", précise Xavier Renou. Et d'évoquer leurs contraintes, pas synonymes de complot mondial. "Parlez peu mais parlez bien, insiste le formateur. Bien évidemment, vous pouvez choisir de ne pas leur parler mais sachez que votre adversaire, lui, le fera..."

Quand le stage se termine, les participants se quittent sur un bref au revoir. Dans leurs regards, cette certitude : se retrouver rapidement sur le terrain pour une action. Une "pour de vrai" cette fois, avec sa cause à défendre, ses slogans, ses imprévus, et peut être même ses policiers et ses journalistes. Mais sans violence. Les deux grands-mères peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
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